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Anadema's Story

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Blog sur mes rencontres amoureuses sur Internet (et ailleurs)

Blog sur mes rencontres amoureuses sur Internet (et ailleurs)



Samedi 27 juin 2009

Léa’s Story (3) – Se jeter à l’eau…

Après avoir réfléchi à la manière dont elle allait me contacter et trouvé ma fiche originale sur Meetic, il ne reste plus à Léa qu’à m’y écrire un message. Suite de notre rencontre, racontée du point de vue de Léa.

    «

Se jeter à l’eau… ou plutôt dans la boue…   

J’ai donc écrit le premier mail que j’allais lui envoyer et qu’il a fini par publier ici : masochiste je suis pour y avoir consenti, même passivement. On m’a suffisamment rabâché la nécessité de se relire « à froid ». Je me suis donc laissé la nuit pour y jeter un œil le lendemain. Je peux aisément comprendre qu’on trouve la lecture de ce que j’écris laborieuse que ma réticence à me relire illustre aisément [NDLR : rédigé antérieurement aux commentaires]. Le lendemain, je jette un œil à ce que j’ai écrit et j’envoie le mail au profil Meetic. Manière très personnelle de relire : j’évite soigneusement ce dont je ne suis pas satisfaite, sachant pertinemment que nous ne trouverons jamais de compromis mon auto-correcteur et moi si je marque l’arrêt trop ouvertement sur les parties lacunaires. Je l’ai finalement envoyé avant d’avoir trop regardé ce que j’avais couché sur l’écran parce que connaissant ma manière de procéder, je ne l’aurais jamais envoyé et ça aurait fini – à juste titre – par me faire hésiter.

Je ne mentirais pas en indiquant que j’ai hésité avant d’envoyer le premier mail, n’étant pas totalement certaine de revendiquer la dimension, disons très enjouée, très jeune et très « très » en somme… Non pas que ce n’était pas moi ! Mais simplement être « autant » moi rendait probable le fait qu’il n’apprécie pas les mails. L’hésitation n’a pas été très longue puisque j’ai compris qu’il y avait deux hypothèses : soit il accroche, soit il n’accroche pas (j’ai oublié d’indiquer en prologue que j’étais d’une perspicacité renversante).
Dans le premier cas, si je consentais à faire quelques compromis pour rendre mon mail plus conventionnel, j’atténuais justement ce qui pouvait le faire accrocher (en plus de me travestir, ce qui ne me plaît pas des masses).
Dans le second cas, si je consentais à faire ces fameuses concessions, je n’atténuais pas grand-chose puisque le mail resterait « teinté de moi » mais aurait également un peu perdu de son âme : il n’accrocherait donc pas davantage et j’aurais dénaturé ma façon de voir les choses ce qui aurait donné un truc fade au possible. J’ai donc opté pour le naturel. On dirait la morale d’un dessin animé qui expliquerait pourquoi il ne faut pas mentir… Sauf que là ce n’était pas une question de principe mais une décision rationnelle se situant davantage sur le registre du calcul stratégique animé par mon objectif – toucher Anadema au sens littéral ou figuré que l’on souhaite donner à ce terme selon l’humeur – que sur une volonté de transparence.

Si je pouvais tout à fait imaginer l’éventualité qu’il ne soit pas réceptif à mes élucubrations, je digérais beaucoup moins la possibilité que ça puisse être un simple concours de circonstances qui évince mon mail. D’où mon insistance, qu’il m’a été injustement reprochée ici me semble t-il. Loin de constituer le reflet d’une névrose de ma part, j’estimais que ces mails en chaîne continuaient justement dans la même logique : jouer, au risque de surjouer, la carte de j’ai eu envie de valoriser chez moi pour l’intéresser, une espèce de singularité (que l’on peut tout à fait contester, je le consens). J’étais persuadée que c’était la seule chance que je pouvais avoir, me doutant bien que des mails du type « J’aime ton blog (…) Je suis sensible à ce que tu écris (…) Bla bla » écrits dans un français correct par des filles potables ne devaient pas être anecdotiques. Ma stratégie un peu (trop ?) costaude m’apparaissait donc être la seule potentiellement payante à côté de celle consistant à envoyer des photos de moi à poil (dont la fiabilité était à démontrer d’une part et à laquelle je n’avais pas spécialement envie de m’atteler d’autre part, du moins pas déjà !).

… pour réaliser ne pas savoir nager finalement   

Le deuxième mail que j’ai envoyé ne répondait pas à cette logique. Après avoir envoyé le premier, j’ai voulu mettre ça de côté, me persuadant que « Maintenant c’est fait, je n’y pense plus ». Pourtant j’y ai tout de même jeté un œil après. Bêtement. Et là, j’en ai mesuré toutes les lacunes… A défaut de pouvoir annuler l’envoi, je me suis alors convaincue que mon seul espoir (oui, j’emploie un vocabulaire donnant l’impression que je joue à Zelda, j’ai quand même le droit de romancer les choses, au moins par voie lexicale, puisque c’est mon récit) résidait dans un mail de complément. Je l’ai donc pondu puis envoyé en précision du premier mail. En fait, j’ai dû ajouter ce que j’ai supposé faire défaut dans le premier (évoquer la question de l’apparence par exemple puisqu’aucune photo n’était sur mon profil !). D’où le deuxième mail…
J’ai attendu je ne sais pas combien de temps et aucun accusé de réception ne me parvenait, même après plusieurs jours. Qu’il ne se connecte pas est une chose mais, en général, à un compte sur un site de rencontre est associé un mail perso auquel sont transmises les alertes du type « Lover_kiss_kiss75, vous avez reçu un mail !! Connectez-vous pour le découvrir !!! » donc il avait forcément eu vent de mes tentatives d’attouchements virtuels mais ne les lisait pas…
Zut.

Toujours est-il que je me suis finalement décidée à rédiger le mail suivant, poursuivant dans ma logique évoquée plus haut… A ce stade, je n’y crois pas, ou du moins, j’ai 14 % d’espoir… Mais mon investissement ne s’en ressent pas ! Finalement, l’exercice me plait, je trouve ça drôle ! Le fait que rien n’ait été lu me permet de ne pas marcher sur des œufs : je parle toute seule après tout ! Ca a certes un côté pathétique, que je mesure, mais pas suffisamment pour me dissuader de jacasser.
Alors oui, jusqu’à maintenant, il est surtout question de moi, Anadema ayant en quelque sorte oublié de se joindre à la fête puisque mes mails ne sont toujours pas ouverts… ! Et du coup, mon endurance finit par s’éroder et lorsque je me suis décidée à envoyer le dernier mail (oui quatrième… J’assume…), j’ai pris la décision d’arrêter parce qu’il me semblait qu’à ce stade, mon estime de moi commençait à en prendre un petit coup. Coup léger mais effectif. A quoi rimait le fait d’écrire des fleuves de mails à une personne inconnue qui pouvait éventuellement s’avérer être un sale con avec des oreilles sales ? Ca avait tendance à me renvoyer une image de moi un peu pathétique même si, je précise encore une fois, j’avais une vie : il ne faut exagérer l’importance que je pouvais accorder à la chose à cause de mon « implication » et surtout à cause de la focale ici clairement ciblée.
Finalement, envoyer ces mails et donc personnifier mon lien avec lui – absence de lien en l’occurrence… – avait abusivement créé une sorte d’injonction implicite à son encontre, à me répondre. Pourtant, je mesure bien que ce n’était pas justifié puisqu’il n’avait rien demandé après tout… Mais bêtement, mais on finit par se dire « Casse toi pauv’ con, je te montre que je m’implique, ce qui atteste d’un intérêt certain que je te porte et tu t’en moques : pffff, comme tout le monde finalement. Bien la peine d’arborer sans cesse ta considération pour les autres et fustiger l’absence d’implication de la populace… ! ». Toujours est-il qu’il commençait à me gonfler… Ou c’est finalement moi qui me gonflais mais c’est toujours plus simple de trouver un responsable distinct de soi.
A l’origine, lorsque je ne faisais que lire son blog, personne n’existait : Anadema était un blogueur, une sorte de personnage. En le cherchant, je lui ai attribué un visage. En le contactant, j’en ai fait une personne dans mon esprit. Par cette absence et ce silence radio, il redevenait personne (et non plus UNE personne justement) et je crois que c’est aussi ça – au-delà de ma fierté ébranlée – qui m’attristait un peu. J’avais personnifié ma quête (je ne recycle pas la parenthèse évoquant Zelda un peu plus haut mais le cœur y est…) et là, elle redevenait complètement anonyme.

»

La suite : « Léa’s Story (4) – Alléluia ! Contact établi… »


Anadema - 20:50 - 11 commentaires




11 commentaires :


1. K - son site
Lundi 29 juin 2009 - 16:22

Ca devient addictif ce récit !



2. mahelya
Lundi 29 juin 2009 - 20:07

ça me fait bien rire parce que justement Anadema jette toujours des pierres aux personnes qui ne répondent pas (aussi bien lorsqu’il envoyait des messages sur des sites de rencontre qu’après un chat ou une rencontre, même si c’est graduellement de moins en moins correct de la part de l’interlocutrice…).
Sinon je te tire mon chapeau… J’aurais abandonné après le 2ème mail !



3. mina
Lundi 29 juin 2009 - 21:23

Ouiii, la suiiiiite …. hihi.
La rencontre de première vue, côté littérature et psychologie aussi .
Au plaisir de te lire Léa ^-^



4. Fred
Mardi 30 juin 2009 - 11:20

Je suis admiratif de ta persévérance « virutelle » et de ton écriture généreuse. C’est peu banal dans une société où tout de suite on a avis sur tout très vite, « j’aime ou j’aime pas » sans prendre le temps de la réflexion, de peser chaque mot…
Je me pose la question de savoir comment tu ferais en dehors du contexte du net, dans la vraie vie. C’est à dire, quand tu « flashes » sur un inconnu (boulot, voisin, ou autre), serais-tu du genre à chercher un max d’info avant d’envisager lui déclarer ton intérêt pour lui ?



5. Ethique
Mardi 30 juin 2009 - 17:07

Bien rigolo, ton récit, Léa. Mais qu’est-ce que ton style est ‘volumineux’…



6. An' - son site
Mardi 30 juin 2009 - 23:36

Oh oui, dis nous tout sur les oreilles de Anadema ;)



7. encore_une_léa
Mercredi 01 juillet 2009 - 01:16

@ Fred : Non ! En fait, dans la « vraie vie » les choses sont assez différentes. Là, il se trouve que le côté inédit (oui, je ne tente pas d’OPA tous les jours sur des blogueurs… !) m’a conduite à accentuer ce côté « chasse à l’homme » qui n’a pas lieu d’être en dehors de ce cadre du net…
Je n’espionne pas spécialement ceux sur qui je pourrais jeter mon dévolu, du moins pas au-delà du strict minimum consistant à jauger du degré de compatibilité. Là, je crois que c’est aussi ça qui m’a amusée, au-delà de mon attirance pour Anadema : ce côté expérimentation et neuf pour moi ! Mais finalement, dans la vraie vie, je ne suis pas spécialement en mode recherche active donc ce type de scénario ne me parle pas au-delà de la théorie.

La chose que je conçois de faire se limiterait à googler la personne : souvent inutile mais parfois très éclairant ! Cela dit, en général, l’intérêt se limite à un cursus académique, au boulot effectué ou au lieu de résidence… D’ailleurs, ce type d’enquête sur autrui est tout aussi, sinon davantage, valable pour les rencontres autres qu’amoureuses.

Mais dans tous les cas de figure, pour éventuellement investiguer, il y a finalement un retour au support Internet même lorsque l’on part de la vie réelle !

En tout cas, merci pour tes mots !

@ Mina : Je sens que nous avons des atomes crochus !

@ K : Ouf ! Quelqu’un qui n’est pas pris d’une folle envie de se jeter de l’eau de javel sur les yeux après lecture…

@ An’ : LE détail qui aurait pourtant pu passer inaperçu…! En lisant, le tenancier des lieux a tiqué en disant en substance « Pourquoi les oreilles sales ?! ». Mais la vraie question serait plutôt « Et pourquoi pas ?!? »

@ Ethique : Ce n’est certainement pas moi qui vais te contredire…



8. Anadema - son site
Mercredi 01 juillet 2009 - 11:25

@ mahelya : Là à vrai dire, c’est un peu différent : lorsque l’on est un garçon sans abonnement sur Meetic, on ne peut ni lire les mails ni y répondre. Je ne pouvais absolument pas lire les mails de Léa, je n’avais accès qu’à l’intitulé de leur objet. Mails dont j’ai appris l’existence assez tard, d’ailleurs : sans abonnement, je ne me connectais sur ma fiche que rarement. Les filles qui avaient un accès gratuit sur Meetic à l’époque avaient trop tendance à oublier ce facteur technique plus qu’important. Je me souviens même de filles qui ignoraient que c’était payant pour nous… Je jette surtout des pierres aux gens avec lesquels on amorce des échanges et qui se permettent du jour au lendemain de nous zapper sans dire au revoir.

 
@ An’ : Mes oreilles sont magnifiques et propres, voyons, c’est évident. :-)



9. Fred
Mercredi 01 juillet 2009 - 12:29

C’est quand même une sacrée évolution ces 10 dernières années, de voir la place que le web prend dans les rapports humains général (sentimentaux ou professionels).
J’ai l’impression que nous craignons de nous « afficher » dans les lieux de rencontres traditionnels. Le web semble nous permettre de mieux nous révéler en tant qu’être humain, d’être moins pudique… C’est un choix.
C’est à al fois effrayant et rassurant de savoir que nous existons sur le net et que sans lui nous serions presque sans repères, sans références.
Moi-même, je fais un peu pareil, je fouine sur internet, facebook, myspace, copains d’avant…etc c’est un peu idiot, lofoque, voire parano mais parfois on apprend des détails inattendus. La curiosité : un vilain défaut ? Pourvu que ça tombe pas entre les mains d\’une personne malveillante !!!

Je trouve aussi touchante cette angoisse sur le devenir de tes emails, et le fol espoir qu’Anadema sera sensible à tes sollicitations écrites et qu’il daignera t’accorder audience. Ta volonté de bien faire, de bien paraître a finallement atteind sa cible. Bien joué…Mam’zelle.
Qu’est-ce qu’il a eut de la chance ? Je suis jaloux…
j’attends la suite.

Un mot pour Anadema : la participation de tes « conquêtes » à ton blog le rend plus vivant et lui donne une perspective plus objective. Merci à Lea pour sa contribution et Anadema fidèle à lui même.



10. mahelya
Mercredi 01 juillet 2009 - 23:02

@ Anadema : Ah oui c’est vrai, j’avais oublié que c’était payant pour les hommes de lire les mails et d’y répondre… Désolée, c’est vrai qu’à l’époque on pouvait facilement envoyer un « flash » et être déçue de ne pas avoir de réponse, sans penser une seconde que le prétendant n’avait plus de crédit !
Vous ne pouviez même pas voir la tête de la charmante (ou pas…) jeune femme qui avait envoyé le message ou le « flash »?



11. Anadema - son site
Jeudi 02 juillet 2009 - 17:38

@ Fred : C’est vrai que le web facilite les rapports (et les a tranformés) et en effet, c’est en soi plutôt inquiétant. Je suis de nature relativement timide a priori et je suis bien plus à l’aise pour draguer de façon directe dans le virtuel que dans la vraie vie où je reste plus modéré. Ca en dit long sur la place occupée par le web à laquelle tu fais allusion. Cela dit, je crois malgré tout qu’Internet m’a permis de m’exercer et, assez étrangement finalement, de me sentir plus à l’aise pour draguer plus effrontément in real life. Je parle pour moi mais je suppose que c’est un sentiment que d’autres partageront également.

Et merci d’être sensible à l’intérêt que présente l’exposition de deux points de vue d’une même histoire sur un blog !

 
@ mahelya : il y a eu quelques rares fois où Meetic a laissé l’accès aux profils sans s’abonner mais en général ce n’était pas le cas. Il y a deux ans et demi, ça marchait encore avec des points (des « krediz ») si on ne prenait pas d’abonnement mensuel. Sans abonnement, la moindre consultation d’un profil et d’un album photo mangeaient les rares krediz dont on disposait par défaut. Et si on n’avait rien… on ne pouvait rien faire à part lancer des recherches et regarder les résumés des profils avec photo en miniature…




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