Album photo (1) – Des souvenirs d’instants
La longévité de ce blog est telle que je commence à pouvoir en feuilleter les pages comme un vieil album de photographies et en remonter les années jusqu’à une époque où je commence à ne plus me reconnaître. Je ne me reconnais plus toujours dans mon approche et dans ma conception des choses. Je ne me reconnais plus non plus parce que les années ont achevé d’effacer de ma mémoire la multitude de ces petits détails de la vie que j’y conte, et que je me prends parfois à (re)découvrir.
Les écrits ont comme les photographies la magie de rappeler à notre mémoire avec de surprenantes nuances tous ces petits moments de bonheur et de tristesse qui composent nos vies et c’est sans doute pour cela que je les aime tant. J’y ai toujours été très attaché jusqu’à en être presque fétichiste. Au point de garder une petite bouteille de lait, un bout de papier déchiré avec un mot doux, un ticket de cinéma, un paquet de cigarettes… Je ne garde pas tout mais l’envie est souvent là. Comme si ces objets s’imprégnaient de l’essence des moments que nous vivons et qu’ils allaient pouvoir en restituer pour moi la saveur à volonté.
Je sais que tout le monde ne fonctionne pas comme ça. Il y en a qui se débarrassent de tout. Parce qu’ils trouvent leur mémoire suffisante. Ou parce qu’ils préfèrent tirer un trait sur un passé. Je me souviens avoir croisé un jour un quadragénaire qui n’avait conservé aucune photographie quelle qu’elle soit de son passé. Je n’avais pu m’empêcher de trouver cela horrible, comme si toute une partie de son histoire s’était retrouvée aspirée dans un trou noir. En collectionnant nos petites traces, ne faisons-nous pas à notre échelle individuelle ce que les musées font à l’échelle de l’humanité ? Ce qui est un trésor pour l’histoire du monde est un trésor pour notre vie personnelle. Lorsque j’avais 19 ans, j’avais insisté auprès d’une amie qui voulait jeter ses photos la montrant dans les bras de son copain qui venait de la plaquer et j’avais réussi à la convaincre de me les donner, pour que je les conserve précieusement dans une enveloppe et que je les lui rende dix ans plus tard (ce que je n’ai pas encore fait, mais ce n’est pas trop tard), pariant avec elle qu’elle serait heureuse ce jour-là de pouvoir les retrouver.
Voici donc un premier album d’images pour ce blog, un voyage dans le temps à travers trois jolies petites photos qui m’évoquent des souvenirs particuliers, accompagnées d’une petite musique qui a pu marquer ces moments ou ces relations.
 2005 – C’est l’automne. Je suis chez Jana et je fume le narghilé avec elle. Le moment est simple et tendre, très agréable. Je tends mon bras pour immortaliser le moment,
Jana aime beaucoup Camille et me l’a fait découvrir. Elle me passe son album « Le Sac Des Filles » quand je viens chez elle. J’aime bien, ça a un côté très fille qui donne à son chez-elle une couleur toute féminine qui fait vibrer ma corde hétérosexuelle. |
Jana se blottit contre mon épaule et j’appuie sur le déclencheur. Jana est radieuse, tout sourire. J’ai rarement eu autant de plaisir à la retrouver. C’est une époque où nous avons arrêté « officiellement » de nous voir et où nous faisons des rencontres chacun de notre côté. Elle me les raconte, ce qui ne manque pas de piquer ma jalousie. Je lui raconte ma nuit avec la fille au toutou, ce qui la fait rire. Nous ne nous voyons plus qu’occasionnellement, une fois par mois au grand maximum et c’est là que nos soirées ensemble sont les plus plaisantes et que notre relation est la plus équilibrée, je trouve. Ou alors, est-ce Jana qui a mûri ? Je la sens plus détendue, plus épanouie et je la trouve plus attirante que jamais. Elle me regarde avec envie, me fait son numéro de charme et nous faisons l’amour avec passion dans son grand futon. C’est tout simplement super bien. |
2006 – C’est l’été, il fait chaud. J’ai emmené S. en week-end surprise, dans un bel hôtel où nous sommes à l’abri de la vague de chaleur.
Sans doute ce titre de Massive Attack est-il l’un des morceaux qui me rappelle le plus S. et mon été avec elle. |
A notre fenêtre, une vue imprenable sur la forêt. Je demande à S. de poser devant. Elle a mis sa jolie robe, je prends mon appareil et je prends la photo. J’aime le sentiment de calme qui se dégage de l’image et le côté songeur de S. Nous ne nous entendons pas particulièrement bien, ce qui a tendance à faire souvent des étincelles. Mais dans ce havre de paix, isolés du reste du monde, nous sommes bien ensemble. Détendus et confortablement installés. Après cette photo, nous descendons sur la terrasse de l’hôtel boire un kir avant que la nuit ne tombe. Nous discutons et trinquons au moment spécial que nous sommes en train de vivre ensemble. |
2008 – Disneyland Paris. Léa et moi. C’est la toute fin de l’après-midi et les gens commencent à rentrer chez eux. Nous nous refaisons pour la deuxième
Inoubliable musique de l’attraction « Pirates of the Caribbean » qui nous accompagne tout au long de la visite, tant dans la file d’attente que pendant le tour en bateau.
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ou troisième fois consécutive l’attraction « Pirates of the Caribbean ». Il n’y a presque plus que nous deux, collés l’un contre l’autre au fond du bateau, à admirer les sublimes décors de pirates plongés dans la pénombre. C’est vraiment une de mes attractions préférées, je ne m’en lasse pas. Au passage du flash automatique pour la « photo-touristes », je m’empresse de taquiner Léa en lui tripotant les seins pendant qu’elle se débat pour tenter de m’en empêcher. Trop tard ! Nous rions, l’instant est tendre et romantique, et illumine notre complicité. C’est la première fois que Léa va à Disneyland. Nous avons parcouru les deux parcs main dans la main et le sourire aux lèvres, virevoltant d’attractions en attractions, flânant dans la Cabane des Robinson ou dans la casbah d’Aladdin. 9 commentaires :
Merci pour ces jolis témoignages. Eh non Anadema ! tu n’es pas fétichiste car c’est important de garder des souvenirs matériels de ses relations. Pour te dire à quel point c’est important, mon ex-femme avait profité de mon hospitalisation pour dépression pour me voler toutes les photos que j’avais d’elle et de nous (y compris celle de notre mariage…) pas mal comme sale coup.
J’aime aussi garder des petits choses qui me rappellent des moments passés. Des tickets de cinéma, des lettres, des livres, des billets de train, d’avion, une K7 avec un enregistrement de mon amoureux de fac qui jouait avec son groupe, des préservatifs usagés… (mais nan, je rigole!!!)
Il y a aussi des chansons, des morceaux de musique qui seront à jamais associés à une époque, à un moment.
Souvenirs visuels, souvenirs auditifs, les plus faciles à retenir. Souvenirs olfactifs aussi. Il m’arrive d’aller sentir le Live Jazz dans une parfumerie car il me rappelle un amour passé, mais ce ne sera jamais la même odeur que celle qu’il avait en le portant sur lui.
Quand nous nous sommes séparés avec mon premier grand amour, je suis partie quinze jour aux Etats-Unis pour oublier un peu. En faisant du shopping, j’ai pensé à lui, en voyant un beau T-shirt et je l’ai pris. En rentrant, une des dernières fois que nous nous sommes retrouvés, près d’un étang où nous avions l’habitude d’aller (un lieu à nous, et presque seulement à nous), je lui ai proposé l’échange: « Je t’ai apporté ce T-shirt, en cadeau des Etats-Unis. Mais en échange, je voudrais celui que tu portes sur toi. »
Il a été surpris, mais il a compris et nous avons conclu l’échange sur place. J’ai gardé son T-shirt jusqu’à aujourd’hui. Et de temps à autre je l’ai sorti de mon placard pour me rappeler son odeur qu’il avait réussi à capturer. Et puis un jour, il n’a plus senti que le papier dans lequel il était enveloppé.
« ça a un côté très fille qui donne à son chez-elle une couleur toute féminine qui fait vibrer ma corde hétérosexuelle »
Et qu’est ce qui fait vibrer ta corde homosexuelle ? :D
Très sympathique cette page ! Et avec les thèmes musicaux correspondants en plus, la classe !
« Je taquine Léa en lui tripotant les seins en public. […] l’instant est tendre et romantique »… cher, cher Anadema! ;)
Je suis ravi de voir que je ne suis pas le seul à aimer conserver des petits souvenirs.
@ hiram33 : voler les souvenirs, ça c’est particulièrement méchant et égoïste !
@ An’ : Merci pour ce joli récit plein de poésie.
Ah, les cassettes ! Voilà un petit objet que l’on pouvait remplir de souvenirs et réécouter avec un plaisir renouvelé. Ca pouvait aussi être une compilation avec l’écriture au stylo de l’autre sur les petites lignes de la jaquette ! C’était quand même beaucoup plus sexy qu’un point zip avec des MP3s !
@ pouet : Ahah ! C’est vrai que ça peut être compris comme ça ! :-)
@ L’ex-idéaliste : Je ferai une seconde partie !
@ Envy : Est-ce à dire que ma conception du romantisme serait toute particulière ? :-)
Cher Anadema,
J’ai moi aussi trouvé ce post très touchant, et pas fétichiste du tout… ou alors c’est que je le suis aussi !
Je possède un coffret qui renferme une ribambelle de choses diverses et variées : petits mots doux, bouts de tissus et de laine, billets de trains, cassettes audio (et oui, moi aussi je les regrette un peu ), mèches de cheveux, tickets de métro, de ciné, de petit train à touristes, échantillons de parfum pour me souvenir de l’odeur de chacun, fleurs séchées, une montagne de photographies et même un caillou gravé de deux yeux, d’un nez, d’une bouche et de l’inscription « Youyou » (ben quoi ? Youyou le caillou évidemment !)….
J’ai beau avoir une excellente mémoire elle n’égalera jamais rien de ce que peut m’évoquer ce bric-à-brac. Tu as raison : c’est un musée personnel, je n’aurais pu trouver meilleure image. Ca n’a strictement aucune valeur pécuniaire mais si je devais sauver une chose ça serait ce coffret, les souvenirs ne se rachètent pas.
Je repense au film « Priscilla, folle du désert » où l’un d’eux se trimballe avec une crotte d’Abba en relique autour du coup… tant que nous n’en sommes pas là tout va bien !!! :-)
Et merci pour la musique !
Cher anadema, c’est bien moi, mlikmlikmliklkian.
Il ya un seccret que je ne t’ai pas dit. Je suis une surdouée de la reconstruction de visage. Ton visage est très peu flouté, c’est donc un véritable jeu d’ enfant pour moi de te reconnaitre dans la rue.
C’est mon surdon. J’ai d’ailleurs travaillé pour une branche secrète de la police dont je tairais le nom.
Je reconnais aussi bien évidemment Jana.
A bientôt.
Cher Anadema,
N’ayant pas trouvé un endroit général pour faire mon commentaire, je le post ici aléatoirement :)
Par le hasard des liens je me suis retrouvé sur votre blog, et j’ai juste envie de vous dire MERCI !!!
MERCI ! car on se sent moins seul ( dans la quête de l’âme sœur sur internet ) quand on lit vos expériences, je n’ai clairement pas tout lu vos posts, mais ce que j’en ai lu m’a fais sourire, voire rire, et me semble tellement révélateur de la triste réalité des échanges sur internet.
Non seulement c’est bien écrit, mais c’est fin, agréable à lire, parfois drôle, parfois édifiant …
Quoi qu’il en soit, si d’encouragements vous aillez besoin, ( ce dont je doute fortement ) Mille bravos pour votre travail d’écriture, et longue vie à votre blog ( qui passe illico dans mes favoris )
Régis
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