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Anadema's Story

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Blog sur mes rencontres amoureuses sur Internet (et ailleurs)

Blog sur mes rencontres amoureuses sur Internet (et ailleurs)



Mardi 24 février 2009

La Prof-Doc

L’avantage quand on vient juste de s’inscrire sur Badoo, c’est qu’on n’est pas encore en queue des listes de recherches et que ses photos n’étant pas encore notées, elles s’apprêtent à être vues par quelques dizaines de filles. Voilà deux moyens de recevoir des « visiteuses », et peut-être à la clé quelques messages, et cela sans rien avoir à faire. Après quelques mois d’inscription, à moins d’en passer par un SMS surtaxé pour un passage furtif en tête des listes, sa fiche est noyée dans les listes d’inscrits, derrière plusieurs centaines de milliers d’autres personnes… Et il faudra aller seul au devant des autres pour espérer faire des rencontres nouvelles.

Au début de mon inscription, c’est donc très sympathique : je reçois des visites et quelques messages. Mais il me faut composer avec une majorité de sollicitations intéressées : candidates africaines, est-européennes et sud-américaines à l’immigration, publicités cachées pour des sites pornos, etc. J’ai dû en recevoir une trentaine pendant le premier mois de mon inscription. Sans que ce soit conséquent, cela reste tout de même assez pénible : d’une part, on ne s’attend pas à en recevoir sur un site communautaire comme Badoo et d’autre part, c’est toujours une déception quand on s’attend à recevoir un message sympathique d’un membre. Ensuite, les spams se calment au même rythme que la visibilité de sa fiche diminue !

Parmi les spams que j’ai pu recevoir, principalement sur l’interface de tchat de Badoo, en voici un tout à fait caractéristique (j’y ai remplacé mon pseudo de Badoo par « Anadema ») :

 

 
Comme sur un blog, les photos et les articles que l’on publie sur le site peuvent recevoir des commentaires. Le premier que je reçois sur l’une de mes photos me vient d’une francilienne de 24 ans qui vient de me donner une bonne note. Je m’empresse d’aller jeter un oeil sur sa page : c’est une petite brunette fine et féminine. Bien qu’elle ait certainement l’air charmante, elle n’est pas spécialement à mon goût : des lèvres pincées, un nez pointu et… un chat. Elle est prof dans un collège. Sur sa page se trouvent quelques petits textes qu’elle a écrit (ce qui est assez rare) : phrases et vocabulaire élaborés, orthographe soignée. Je n’ai donc pas affaire à l’une des kikoo-girls qui règnent en maître sur le site. Ouf ! Comme elle est en ligne, je lui envoie un message :

 

 
Ensuite, nous parlons un peu de nous et de ce que nous faisons dans la vie. Puis je reviens sur le billet qu’elle a écrit au sujet de ses élèves parce que j’ai été particulièrement surpris d’y lire qu’elle avait été rassurée sur leur orthographe. Or, s’il y a bien une calamité actuelle qui a le don de m’horrifier, c’est le niveau d’orthographe désastreux des nouvelles générations. Je l’ai maintes fois lu, entendu et constaté.

 

 
Nous nous mettons ensuite à parler d’autres choses : livres, ciné et musique. Thèmes on ne peut plus classiques mais pratiques quand on ne se connait pas. Je lui explique que je n’aime ni le rap ni le hip-hop, elle n’aime pas le premier mais adore le second et me rappelle qu’il ne faut pas confondre les deux.

 

 
Tales Of The Forgotten MelodiesEn fait, « professeur-documentaliste » est une nouvelle terminologie pour désigner les documentalistes des CDI des collèges et des lycées. J’ignorais qu’ils avaient aujourd’hui le statut de prof à part entière… Le métier a dû considérablement évoluer, car j’avoue qu’à mon époque, je n’ai pas souvenir que leur rôle dépassait celui de compilateur de livres et de gardien du silence.

La conversation s’est terminée peu de temps après. Je n’avais pas dîné et je préfère éviter maintenant de passer des heures à tchater devant mon écran, comme ça a pu être le cas par le passé. Elle m’a lancé un « bon appétit à toi dont je ne connais pas le prénom ! a plus tard ». Mais il en va ainsi de ces éphémères échanges virtuels : aussi agréables furent-ils, nous n’avons jamais eu l’occasion de nous recroiser ni de reparler ensemble.


Anadema - 14:00 - 14 commentaires




14 commentaires :


1. Luto
Mardi 24 février 2009 - 17:38

La langue est avant tout l’usage que l’on en fait. La langue a une forme particulière à un moment t, mais cette forme change avec le temps et les usages. Difficile d’évoluer toujours à la même vitesse que les académiciens, qui, on le sait, évoluent lentement…



2. Orthographe
Mardi 24 février 2009 - 18:40

« la forme de *ceux* qu’ils ont à dire »

Bravo la « prof » !

Sinon passe à linux pour respecter les majuscules accentuées, c’est très aisé avec une touche compose.

http://en.wikipedia.org/wiki/Compose_key

À, É, Ç, etc.



3. Delicatwoman
Mardi 24 février 2009 - 20:06

Les documentalistes ont le statut de prof depuis que le concours « documentaliste » a été créé ; ce qui n’était pas le cas avant. Et concernant le niveau d’orthographe des élèves, moi-même prof de français, même si au début j’essayais de comprendre le fond, les idées et de passer outre les fautes, j’en étais quand même scandalisée, désespérée… Mais ça c’est avec les réformes dans les programmes qui ont tout centré sur le fond et plus la forme. Retour aujourd’hui à l’ortho, les conjug, dictées etc. Mais on peut pas tout reprendre à la base…
Et sinon : « nous n’avons jamais eu l’occasion de nous recroiser ni de reparler ensemble. » Pourquoi plus de suite à cet échange qui me semblait quand même bien parti ? Motivation moyenne ou tu attendais qu’elle revînt vers toi ??



4. Anadema - son site
Mercredi 25 février 2009 - 00:11

Luto > Il ne faut pas confondre évolution et appauvrissement. Ce n’est pas faire évoluer un langage que de ne posséder que 400 mots de vocabulaire et d’être infoutu de les écrire correctement, c’est s’approcher de l’analphabétisme.

 
Orthographe > Je suppose que c’est une erreur d’étourderie de sa part donc je ne saurais lui en tenir rigueur ! ;-)

Quant à la touche « compose », comment se fait-il qu’il n’y ait pas ça sur Windows ?! Le seul moyen que j’ai pour faire des « é », des « è » ou des « à » majuscules, c’est de les générer dans Dreamweaver puis de les copier-coller ailleurs… Oui je sais, c’est affreux… Héhé !

 
Delicatwoman > Franchement, et de voir des étudiants à l’université qui ne sont même pas capables de conjuguer des verbes au présent de l’indicatif, c’est au delà des mots… Il y a de sacrés réformes à faire pour réussir à endiguer ça.

Pour ce qui est de la jeune fille de Badoo, il n’y a pas de raison particulière au fait que nous ne nous soyons pas reparlé. Cela m’a fait plaisir de discuter avec elle sur Badoo, c’était un petit moment sympa mais je n’avais pas d’intention la concernant autre qu’échanger quelques mots. Elle n’était pas plus à mon goût physiquement que ça, donc pas de relation envisageable. Et pas plus à mon goût moralement que ça (pas d’affinités particulières et une sensibilité sensiblement différente), donc pas d’amitié particulière envisageable non plus. Je suppose que ça a dû être plus ou moins similaire de son côté et résultat : on n’a pas dû ressentir le besoin de se reparler et le temps a achevé de nous mélanger dans la masse de nos contacts.



5. Clown Triste
Jeudi 26 février 2009 - 23:00

Un petit coup de pouce qui pourrait bien tout changer pour toi, Anadema : sous Windows tu peux entrer n’importe quel caractère en maintenant ALT et en composant (idéalement sur le pavé numérique) le code ASCII correspondant.
Exemples utiles :

ALT + 0192 = À
ALT + 0199 = Ç
ALT + 0201 = É
ALT + 0200 = È

Et hop, je viens de transformer ta vie ;)

C.T.



6. Zborodine
Vendredi 27 février 2009 - 13:06

Ce qui est amusant surtout c’est que toi, avec un vocabulaire qu’on suppose considérablement plus étendu et une orthographe plus maitrisée, c’est la forme qui pose problème.
Tu ergotes et tu ratiocines toujours autant et finalement tu radotes. Tu finiras vieux garçon aigri et moralisateur si ce n’est déjà le cas à t’arc-bouter sur des principes sans trop y réfléchir.



7. thunderbrouette
Lundi 02 mars 2009 - 23:58

Clown Triste, franchement là je suis épaté!(remarque, je sais pas si je vais le retenir, ce coup-là)



8. C.
Mercredi 11 mars 2009 - 11:45

Je ne dirais pas que le métier de documentaliste a « considérablement évolué » : il existe encore des docs qui se contentent de ranger les livres et de pester contre les élèves qui osent leur demander un renseignement, de la même manière qu’il en existe (et qu’il en existait déjà du temps de mes années au lycée) qui font un vrai travail d’encadrement, d’enseignement…

Je viens tout juste de lire tes articles écrits ces six derniers mois, c’est un réel plaisir, j’ai bien ri à certains moments !



9. Anadema - son site
Mercredi 11 mars 2009 - 15:38

C. > Oui, j’imagine aisément que comme les chasseurs, il y a de bons et mauvais prof-documentalistes ! En fait, je n’imaginais pas qu’on puisse être prof sans en être enfermé à un moment ou un autre dans une classe, coincé entre son tableau et ses élèves. Et ça me surprend qu’une documentaliste puisse parler de « ses » élèves. Je ne conteste pas, bien sûr, juste que ça me surprend ! Une prof-documentaliste donne-t-elle également des notes et corrige-t-elle des copies ?

Private PS : j’ai lu toute ton histoire de psy, c’était très amusant et instructif ! Et sinon, félicitations ! ;-)



10. C.
Jeudi 12 mars 2009 - 14:38

Il y a aussi les CPE qui parlent de « leurs » élèves, c’est surprenant également ! En fait, la nouvelle dénomination des « profs-docs » n’a rien changé dans les faits – et non, ils ne donnent pas de travail ni de notes (enfin, à ma connaissance !) mais je trouve que c’est une idée à creuser mouhaha (rire machiavélique)

Chouette, un nouvel article à lire !

PS : merci et merci, ça me touche beaucoup !



11. Kalinka - son site
Jeudi 02 avril 2009 - 14:12

« Il y a de sacrés réformes à faire pour réussir à endiguer ça »
Bouh, la vilaine faute d’accord.

Sinon pour ce qui est de la tolérance concernant l’orthographe des élèves, on ne doit à mon sens pas négliger les différences de capital culturel qui demeurent et par là même être ‘relativement’ indulgent avec ceux qui n’ont pas eu la chance de pousser parmi les livres.
C’est pourquoi je suis plutôt de l’avis de la Jeune prof que du tien, je trouve humain et logique d’axer le jugement sur ce que la personne a à dire plus que sur sa propention à manier l’outil linguistique, qui est le résultat de facteurs dépassant la simple assimilation d’un enseignement scolaire.
(Bien que les fautes et l’évidente mauvaise volonté de certains me donnent des envie de meurtre.)



12. Anadema - son site
Vendredi 03 avril 2009 - 13:46

Kalinka, je ne suis profondément pas d’accord avec toi. Justifier le problème de l’orthographe par une histoire d’origine sociale, je sais que c’est un argument souvent avancé, mais c’est non seulement archi faux mais en plus sur le fond particulièrement méprisant. Parce que c’est sous entendre que parce qu’on est fils d’ouvrier, c’est normal d’être infoutu de conjuguer le verbe « être » au présent de l’indicatif. Mais être ouvrier, ce n’est pas être trisomique et il n’y a pas besoin d’être fils d’académicien pour être capable d’écrire correctement une phrase du niveau d’un cours élémentaire.

Ne serait-ce que pour la démonstration scientifique, si c’était vraiment une histoire de classe sociale, les disparités dans l’expression seraient de tout temps. Or le problème de l’orthographe est un problème récent, comme chacun sait. Un des étalons, c’est la fameuse dictée que l’on fait faire aux mêmes élèves de toutes origines depuis des années, laquelle démontre une baisse générale du niveau de l’orthographe.

Ton histoire de différence de capital culturel, à la « Héritiers » de Bourdieu, ce n’est pas ça que ça concerne. C’est un background culturel et intellectuel, et un prédéterminisme de la réussite sociale. Ne pas pousser parmi les livres, comme tu le dis, ça limite « simplement » les connaissances culturelles, le niveau d’expression et de vocabulaire, une certaine capacité à apprendre à penser et à raisonner, et sans doute encore d’autres choses. Mais pas à simplement savoir écrire (parce qu’il s’agit bien de ça). Je te rappelle qu’en France, l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans et que ce dont nous parlons – à savoir maîtriser la base d’une langue – est du niveau de l’école primaire.

Je ne saurais expliquer l’origine de cette crise de l’orthographe parce que je n’en connais pas tous les ressorts mais j’en devine certains. A commencer par cet état d’esprit qui est le tien et qui consiste à de ne plus exiger aucun effort de l’autre au prétexte que la forme ne compterait absolument plus (au bénéfice du fond). C’est un peu comme si je ne devais pas m’offusquer d’un wesh qui m’adresserait la parole de manière agressive, au prétexte que le pauvre n’a pas eu la chance d’avoir une éducation lui apprenant qu’on ne demande pas quelque chose à un inconnu sous la forme d’un ordre et qu’exiger ce n’est pas la même chose que souhaiter.

« Vas-y, file-moi une clope, sale bâtard ! ». Le pauvre, il n’a pas eu la chance de baigner dans les livres, il ne se rend même pas compte qu’il me manque de respect…

Et tout ça, on le doit probablement en bonne partie au corps enseignant depuis plusieurs décennies qui a voulu répondre à la rigidité autoritaire de l’école des années 40 et 50 par un laxisme tout aussi excessif qui a placé l’élève au centre tout et qui a oublié le rôle originel de l’école qui est, avant de faire du gardiennage, de communiquer un savoir.

En tout cas, contrairement à ce que tu dis, je ne place pas la faute de tout ça sur les « fauteurs » eux-même pas plus que sur le seul corps enseignant. La société dans son ensemble a sa part de responsabilité.



13. Delicatwoman
Vendredi 03 avril 2009 - 16:33

L’élève au centre du système éducatif n’est pas dû au corps enseignant, comme tu le dis, mais à l’Education Nationale (nuance…)



14. Anadema - son site
Vendredi 03 avril 2009 - 22:00

Bon mais je voulais simplement parler de ce qui représente l’enseignement, je ne cherchais pas à faire de distinctions et à lancer un débat sur qui a fait quoi du ministère jusqu’aux profs. Cela dit, il s’agit bien dans cette histoire d’une prof, en l’occurence, et pas d’un ministre.




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